Publiant habituellement des tranches de vie tintées d’humour et oeuvrant dans « le monde du comique », la jeune artiste québécoise Rosalie Vaillancourt prenait hier un ton un peu plus sérieux, alors qu’elle publiait sur sa page Facebook — qui compte près de 131 500 abonnés et fans — un message en réponse au mea culpa de Julien Lacroix.
Rappelons que ce dernier avait été visé par de nombreuses allégations en juillet de 2020, lors de la vague de dénonciations d’inconduites sexuelles et de harcèlement au Québec, et s’était depuis retiré de réseaux sociaux, en plus de prendre une pause professionnelle — quelque peu obligée, puisque ses gérants et partenaires avaient rompu les liens avec lui suite aux allégations.
Hier, 12 janvier 2021, Julien tentait, de façon un peu maladroite, de faire un retour sur les réseaux sociaux en publiant un long message d’excuse, en essayant de se « repentir » et de justifier ses actions.
Évidemment, ce message d’excuses n’a pas plu a tout le monde, et plusieurs ne se sont pas gêné d’y répondre.
J’ai pas envie de faire dans l’humour ce soir. J’haïs être sérieuse, mais là je suis trop mal à l’aise et triste. J’ai…
Posted by Rosalie Vaillancourt on Tuesday, January 12, 2021
« J’ai pas envie de faire dans l’humour ce soir. J’haïs être sérieuse, mais là je suis trop mal à l’aise et triste.
J’ai lu ses excuses les mains moites. Ça fait seulement 6 mois. C’est encore la chose qu’on me parle le plus dans mes entrevues…
Julien c’était mon ami. On travaillait ensemble. J’ai dénoncé un ami, pas pour dénoncer un acte isolé dont j’ai été témoin, mais dans l’espoir de voir un changement de culture.
Il n’y a pas vraiment de changements si 6 mois après un article béton, quelqu’un arrive avec des excuses sur les médias sociaux et se fait donner autant d’exposure. Journaux, partages, likes.
* Je ne crois pas que les gens ne peuvent pas avoir de deuxième chance. Je crois en la réhabilitation. *
J’ai bon espoir que les gens s’améliorent.
Cependant, c’est tellement précipité et je vous avoue que j’ai de la difficulté à voir qu’il a fait du chemin auprès des victimes.
Là on parle d’années de violence. Des adolescentes qui ont fini leur maîtrise cette année et qui ont encore sa présence en tête. Elles ont été tellement marquées qu’elles ont décidé, 10 ans plus tard, de parler au Devoir. Et toi, en 6 mois…?
Il manque un jeu de proportions là.
Je suis de bonne foi. J’ai bon espoir dans la vie. Je suis pour la rédemption. Mais en ce moment ça me semble être un message formaté. Un message écrit par des professionnels de l’image.
C’est de bonnes excuses Julien mais il manque des mots dans tes excuses:
Viols, violences physiques, violences sexuelles, violences psychologiques, agressions, harcèlement.
À quel point la maladie de l’alcoolisme peut évacuer les violences sexuelles ET la mémoire collective!?
Honnêtement, depuis août, j’ai perdu espoir en mon milieu. Des rumeurs comme quoi il travaille avec une boîte de production en ce moment à revenir, et ce depuis longtemps, sont assez inquiétantes.
Un bel agenda:
6 mois après l’article, on fait des excuses. La veille, petit changement de photo de profil. Dans 6 mois; ta première entrevue. Dans un an; ton show où tu nous feras bien rire sur ta désintox.
C’est tellement vulgaire et en même temps réaliste.
Derrière chaque mot pesé, il a tâté le terrain pour son retour.
Et le terrain c’est quoi?
Il y a beaucoup de monde que ça dérange moins de voir souffrir 9 femmes (sans compter celles qui n’ont pas voulu parler publiquement) que de revoir Julien.
Une question aux artistes que je connais très bien et qui ont liké la publication de Julien:
Auriez-vous liké cette publication si c’était votre fille qui avait été violée, agressée ou simplement embrassée de force 6 mois après l’avoir appris dans les journaux? Auriez-vous vraiment liké des excuses de quelqu’un qui évacue les violences sexuelles avec comme excuse: “les démons intérieurs”?
Je ne m’acharne pas sur son cas, je ne veux pas en faire un martyr, je souhaite un changement de culture dans le milieu artistique, médiatique et culturel. Je veux juste qu’on fasse preuve de prudence et de transparence.
Sur ce, je vais continuer de vous faire rire en essayant d’oublier à quel point ce milieu-là est fake », peut-on lire dans la publication Facebook de Rosalie, publiée il y a seulement 12 heures et comptant déjà plus de 3700 partages et près de 1700 commentaires.
D’autres ont préféré y aller dans la satyre, comme Paul Cèxe qui partageait hier avec son audience la publication suivante:
SALUT TOUT LE MONDE,CE N’EST VRAIMENT PAS ÉVIDENT DE VOUS ÉCRIRE AUJOURD’HUI CAR JE SUIS, BIEN SÛR, UNE VICTIME, MOI…
Posted by Paul Cèxe on Tuesday, January 12, 2021
Cela donne une bonne idée de la réaction de nombreux Québécois face à ce mea culpa de la part de Lacroix, et on appréhende définitivement la suite des choses…