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Ça brasse chez TVA: est-ce enfin la fin d’un «régime de terreur»?
Crédit: @bourquekeven via Instagram

Dimanche dernier, la présidente de TVA annonçait à l’interne que le patron de TVA Nouvelles et de TVA Sports, Serge Fortin, n’occuperait plus son poste de vice-président au Groupe TVA: une vague d’importants changements au sein de la haute direction qui semble soulager certains employés.

 

C’est la fin d’un « régime de terreur », explique un employé de TVA à La Presse.

 

Rappelons-nous que monsieur Fortin occupait le poste de vice-président de la salle d’information depuis maintenant 16 ans. Il a également participé au lancement de TVA Sports, en 2011, équipe qu’il dirigeait depuis.

 

Au cours des derniers mois, 21 témoignages d’employés ou ex-employés de TVA ont été collectés par La Presse pour dénoncer le climat de travail des dernières années au sein de l’entreprise.

 

Il y a environ un an, certains membres de rédaction ont envoyé une lettre dénonçant des pratiques patronales aux ressources humaines de l’entreprise, dépassés par le climat de travail difficile. La Presse partageait ainsi un extrait de cette lettre:

« Nous voulons avoir l’assurance que ce genre de comportement ne se reproduira plus jamais. Nous voulons également des excuses. La gestion par la peur, la stratégie de la carotte et du bâton ont fait leur temps et n’amèneront rien de constructif. En cette époque où le mouvement #metoo débusque les abus de toutes sortes, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il est primordial de susciter un sentiment d’appartenance, de bien traiter ses employés et de soutenir leur développement. Est-ce trop demander ? »

 

À ce groupe de personnes s’ajoute l’animatrice Karine Champagne, qui a décidé de quitter le Groupe TVA il y a près de  six ans, après 21 ans de carrière. Elle raconte notamment que, durant ses années de service, ses patrons pouvaient complètement ignorer certains employés — une pratique à laquelle a été soumise l’ancienne animatrice, et qui frôle l’intimidation.

 

« À TVA Sports, ils m’ont annoncé que je n’animais plus juste avant que j’entre en ondes. Je ne l’ai pas vue venir. On ne m’avait pas fait de commentaires sur mon travail avant ça. C’est comme si je venais de recevoir un coup de batte de baseball dans la face et je devais faire semblant de rien en ondes. » Ajoute-t-elle en entrevue.

 

D’autres parlent de « régime autoritaire » et de gestion irrespectueuse. Un ancien employé dit même y avoir vécu « les pires années de sa vie ». Il aurait d’ailleurs souvent vu des collègues s’effondrer en larmes à cause de la pression.

 

On raconte aussi que certains patrons interpellent des employés par un claquement de doigts, en plus de souvent utiliser un langage agressif et plusieurs sacres. Selon certains, l’intimidation serait bien présente dans la salle de nouvelles. Une personne mentionne même déjà avoir été convoquée dans le bureau d’un supérieur pour se faire dire que « tous [ses] collègues [la] haïssaient ».

 

« Si tu tiens tête à certains patrons, […] on t’enlève des privilèges. On ne t’augmente pas à ton renouvellement de contrat. On peut même baisser ton salaire. On va te faire suer au top », explique le journaliste et chroniqueur François Gagnon, qui a quitté TVA Nouvelles il y a cinq ans, après 35 ans de carrière.

 

Après avoir fait une erreur en lisant un bulletin de nouvelles, Mélissa François a été éjectée des ondes, et a été affectée à un poste de rédactrice, sans avoir la chance de s’expliquer ni de se défendre. Le syndicat l’aurait défendue, et, par la suite, le président du syndicat aurait été suspendu par TVA. Mme François a depuis remis sa démission et travaille désormais à Radio-Canada.

 

« [Quand on faisait une erreur], on était réprimandés devant tout le monde, ou par courriel, avec tous nos collègues en copie conforme » indique un ancien employé.

 

Après lecture de plusieurs témoignages, on décèle rapidement ce qui semble être un cycle de harcèlement psychologique au sein de l’entreprise. Plusieurs personnes ont d’ailleurs décidé de quitter en petits groupes après avoir subi de pareils traitements.

 

Au final, au cours des dernières semaines, une enquête interne a été menée au sujet du climat de travail, et plusieurs employés auraient récemment utilisé une ligne téléphonique de dénonciation (confidentielle est gérée par une entreprise externe), explique Steve Bargoné, conseiller syndical du SCFP. Après avoir rencontré une vingtaine de personnes, la firme externe chargée de la ligne de dénonciation a finalement remis un résumé des principales remarques formulées par les employés à la présidente du Groupe TVA, madame France Lauzière.

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