Ouvrir un commerce en pleine pandémie? C’est le défi que se sont lancé les propriétaires du nouvel établissement Gabrielle, à la fois un café, un bar à vin et un restaurant idéalement situé dans le Vieux-Montréal que je viens tout juste de visiter pour la première fois par un doux vendredi soir d’été.
Dès l’arrivée, mon regard se porte vers les produits offerts dans la petite section épicerie fine à l’entrée, où l’on retrouve notamment les fromages de la Laiterie Charlevoix, l’entreprise de la famille d’Anne-Catherine Labbé qui s’est jointe à Sabrina Kale pour fonder le Gabrielle, qu’elles ont aménagé ensemble ces derniers mois. Ici, ce sont les femmes qui sont aux commandes et les hommes aux fourneaux; le midi, on peut compter sur le chef Samuel Sauvé-Lamothe (Renoir, Laurie Raphaël) et le soir sur le jeune Alexis Yale-Soulière (Hoogan et Beaufort).
Avant même de commencer à manger, je me laisse charmer par l’ambiance de l’endroit. La décoration inspirée des années 80 avec ses murs d’un rose tendre et ses accents dorés appelle à passer un bon moment, surtout avec la musique parfaitement accordée à l’atmosphère (je pense à Enjoy the Silence, Never Gonna Give You Up et autres classiques qui n’ont pas laissé indifférent mon amour d’une autre époque).
Je démarre la soirée avec un pétoncle fumé (miam) servi dans une sauce aux framboises et une purée d’olives Kalamata. Un contraste de saveurs étonnant et osé, mais réussi. Okay, on s’amuse en cuisine ici, que je me dis dès la première bouchée. Le plat de poisson hiramasa avec des fraises compotées au babeurre faisait aussi une chouette entrée, mais la coupe du concombre qui l’accompagnait m’a un peu moins convaincue. Oui pour le côté frais et croquant, moyen pour l’impression de manger des bâtonnets de crudités.
Quand on passe aux pâtes, je deviens toujours très critique. Je suis Italienne, c’est dans mon sang! Alors, réussir à me conquérir avec des tortellinis, c’est un gros challenge. Farcis à la ricotta et dans une sauce aux chanterelles, un beau produit frais reçut le jour même que les chefs ont pris plaisir à travailler, ça m’a séduite plus que je n’aurais osé l’imaginer. Les gnochettis au maïs n’ont pas aussi bien atteint la cible, mais la fraîcheur étonnante de ce plat crémeux a quand même su faire plaisir à mes papilles.
Deux assiettes de légumes sont ensuite arrivées à ma table. D’abord, une tartine aux champignons déconstruite où le pain est remplacé par de la pâte brisée en morceaux. Bien franchement, j’aurais pu prendre seulement la garniture, qui était merveilleusement équilibrée, mais qui jurait un peu trop à mon goût avec le côté plutôt sucré de la pâte. Ensuite, du brocoli en crème garni de fines tranches de radis et de céleri rave, un de ces plats sur lesquels on n’a rien à redire (sauf peut-être « Amenez la casserole, s’il vous plaît! »).
La pièce de résistance, c’était pour moi du saumon confit à la perfection servi dans une sauce au daïkon et à l’huile d’olive parfumée au persil. Ne serait-ce que pour ce plat, la visite vaut la peine. Et pour les consommateurs de viandes rouges, le menu ne manque pas d’options, comme un filet de boeuf accompagné d’un sabayon salé que j’achèterais au litre, merci.
Pour me rincer le palais, j’ai pris une bouteille de Cantina Tollo, un vin blanc bio italien que le Gabrielle propose également dans sa section épicerie. Il faut l’avouer, la sélection de vins blancs est présentement plutôt maigre, alors que celle de vins rouges a fière allure. Mais on me glisse à l’oreille que ce n’est qu’un début et que la carte offrira davantage de bons jus au fil du temps. Ça, c’est ce que j’appelle un argument convaincant!
Si le menu du soir m’a rapidement ravie, il faudra que je retourne pour le brunch. Bénédictine aux champignons sauvages, pain perdu avec espuma de miel ou gnochetti façon cacio e pepe avec un oeuf fumé, vous dites? Eh bien, it’s a date!