Quand je vous dis le mot “ballet”, quel est le champ lexical qui vous vient à l’esprit? Probablement quelque chose comme: “tutu”, “rose poudre”, “en pointe”, etc. Bref, tous ces termes relativement clichés que l’on a fini par associer à cet art classique, faute d’imagination. Pourtant, le spectacle Danser Beethoven, présenté aux Grands Ballets Canadiens, est tout sauf ce à quoi l’on peut s’attendre en matière de danse classique, surtout si l’on tient en compte le genre musical qu’est l’apanage de l’œuvre de Beethoven.
Poursuivant sur leur lancée du début de saison en présentant des canons du répertoire musical (il y a eu le traditionnel Casse-Noisette durant la période des fêtes, ainsi que Carmina Burana plus tôt cet automne), l’institution s’offre cette fois-ci le classique des classiques : Beethoven. Qui plus est, on est dans du gros stock ici, alors que les Grands Ballets mettent en mouvement la Symphonies no 5 et la Symphonie no 7 du compositeur allemand.
Symphonie No 5
En première partie, les Grands Ballets nous proposent la cinquième symphonie, que l’on reconnaît dès ses célèbres quatre premières notes, emblématiques d’un destin inévitable annoncé et que l’on a entendues et réentendues dans nombres de films et jingles publicitaires.
La chorégraphie est signée par l’Américain Garrett Smith et offre un contraste rafraîchissant à l’œuvre si populaire qu’elle en est parfois un peu surfaite. En effet, malgré le caractère extrêmement familier de cette pièce (où en est-ce justement la cause?), la proposition de Smith s’inspire de la différence des gens pour créer une chorégraphie célébrant l’unicité de chacun au-delà de leur singularité.
Ainsi, chacun des trois mouvements de la symphonie est en quelques sortes une ode à la liberté où s’entrecroisent plusieurs personnages fantasques célébrant leur individualité, chacun à leur manière.
L’on notera les costumes pour le moins particuliers, soit des tutus rigides pour les hommes et des justaucorps relativement unisexes pour les femmes. De plus, chaque danseur a sa personnalité, qu’il laisse briller par des mouvements caractéristiques et non-conventionnels pour la danse classique (je pense notamment à la danseuse qui bougeait de façon saccadée telle un oiseau de bassecour).
Symphonie no 7
En seconde partie, on nous propose la Symphonie no 7 mise en mouvement par le regretté chorégraphe allemand Uwe Scholz. Je ne sais pas si c’est ce qu’il avait en tête pour sa création, mais la géométrie des mouvements et leur synchronisme m’ont fait penser à…de la nage synchronisée!
Il faut dire que les costumes et les coiffures des danseurs, qui ressemblent à des maillots de bain, ainsi que les décors dans les teintes de bleu, rajoutent à l’effet. Les mouvements, dans leur perfection, s’agencent parfaitement à la musique tout aussi harmonieusement conçue par Beethoven, pun intended.
Si vous êtes de ces gens interpellés par les publicités Instagram pour des apps antistress (celles avec des images en mouvement perpétuel qui s’imbriquent parfaitement les unes dans les autres), vous allez trouver la ceci TRÈS satisfaisant.
Il reste encore quelques représentations à ce spectacle unique, qui se termine le 23 février, donc faites vites et procurez-vous des billets!
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