Lors de la conférence de l’Association américaine pour l’avancement de la science (American Association for the Advancement of Science), qui avait lieu dimanche dernier, on pouvait entrevoir le futur de la thanatologie. Un futur, semblerait-il, écologique…
En effet, dans un article publié avant-hier par The Guardian, on apprenait que plusieurs compagnies se lanceraient, dans un avenir proche, dans l’avenue la plus récente des soins post-mortem: le compost humain.
Membre de la communauté scientifique et professeure en «science des sols et agriculture durable» à l’Université d’État de Washington, madame Lynne Carpenter-Boggs déclarait dimanche dernier dans un discours donné à la conférence de l’Association américaine pour l’avancement de la science que «La mort n’est certainement pas notre plus gros impact environnemental dans tout notre processus de vie, mais nous pouvons toujours essayer de trouver des alternatives (Death certainly isn’t the biggest environmental impact we have in our life process. But we can still look for new alternatives)».
C’est en suivant cet état d’esprit que la compagnie et organisation Recompose, conseillée en partie par madame Carpenter-Boggs, prévoit mettre en place en 2021 la toute première institution permettant facilement le processus de compost humain. Établie à Seattle, l’entreprise aurait déjà testé les eaux avec un projet pilote, mettant à l’épreuve l’efficacité et la sûreté de leur méthode. C’est sur 6 cadavres humains qu’ils ont testé leur processus, mieux connu sous le nom de «réduction organique naturelle» et qui consiste à transformer un cadavre en un peu plus de 120 litres de terre, en quatre à six semaines.
Lors de ce processus de compost humain, le corps est placé dans un récipient hexagonal réutilisable en acier avec des copeaux de bois, de la luzerne et de la paille. En contrôlant soigneusement l’humidité et le rapport entre le dioxyde de carbone, l’azote et l’oxygène, le système crée ainsi des conditions parfaites pour le développement de microbes thermophiles, qui accélèrent considérablement la décomposition du cadavre.
Suite au projet pilote, ils ont pu constater que presque tout, y compris les os et les dents, est transformé dans le processus en compost de manière viable — les matériaux non-organiques tels que les stimulateurs cardiaques (pacemaker) et les hanches artificielles sont détectés, retirés et recyclés. Le sol, issu du processus de compost, serait biologiquement sûr, ce qui signifie que les proches des défunts pourraient désormais disperser en toute sécurité des «cendres», ou les utiliser pour planter un rosier ou fertiliser un potager.
De plus, la méthode développée par Recompose n’utiliserait qu’un huitième de l’énergie consommée par une incinération conventionnelle, qui produirait autant d’émissions de CO2 que de brûler 800 000 barils d’huile, pour un seul individu. Quant à la mise en terre traditionnelle d’un corps, il y a toujours la possibilité que le cercueil soit mal scellé ou se détériore, et que plusieurs liquides et matières s’en échappent, créant ainsi une éventuelle contamination des sols et eaux environnantes.
Selon madame Carpenter-Boggs, le composte humain reste une des — si ce n’est pas LA — solutions les plus viables.
D’ailleurs, l’état américain de Washington serait, à ce jour, le premier à légaliser ce processus éco-responsable de thanatologie nouveau-genre. Avec plusieurs citoyen.ne.s soucieux-ses de l’environnement, le Royaume-Uni serait également tenté de monter à bord («jump on the bandwagon»), avec de plus en plus de demandes pour des méthodes d’embaumement éco-responsables.
Étrange façon d’aider la planète, vous ne trouvez pas?