Entretien avec le réalisateur derrière le très bel objet à consommer sur grand écran.
Un Amour d’Été, c'est ce qui se passe la nuit sur notre belle montagne entre 21h et 4h du matin. Des amoureux qui parlent d’amour devant une amie amoureuse qui ne l'est pas vraiment. Une répétition de spectacle. Oedipe Roi. Les punks et un sick mac n cheese à la bière. Des ratons laveurs. Sorte de Las Vegas, très québécois, où ce qui se passe sur la montagne reste sur la montagne… Un monde infini de possibilités. «La montage me fait un peu penser à la Chine et à ses montagnes sacrées. Le Mont-Royal a un peu ce rôle-là pour moi de me ressourcer ; endroit où je vais souvent marcher et d'où je reviens inspiré.»
L'idée du film naît d'une liaison amoureuse du réalisateur qu'il a vécu sur 48 heures avec une amie. Idée que lui-même qualifie de mauvaise idée. «Ça m'a pris six mois m'en remettre. C’est arrivé au mois de mars, rendu à l’été, j’étais encore déprimé. Je voyais des gens qui s’embrassaient partout. Montréal au printemps, le monde devient fou. Je pensais que tout ça, m'allait être refusé. Ça m’a donné l’idée de faire quelque chose d’un peu voyeuriste et de complètement assumé : je voulais me cacher dans les buissons et filmer les amoureux qui frenchent. J’avais le goût d’aller chercher ça et en plus, d'aller chercher des conversations sur l’amour; mon obsession.»
Une des grandes qualités du film est sa manière dont il se permet de te laisser vivre pleinement un moment. On profite d'une intimité dans laquelle on n'aurait jamais pu s'immiscer et où rien ne semble être inintéressant. Lesage puisent ses influences d'un cinéma taïwanais dans le genre de Tsai Ming Liang et Hou Hsiao Hsien. Une impression de simplement se balader sur la montagne et de faire un arrêt de proche ou de loin, sur les différentes sortes de gens croisés.
Tout un mois d'août de l'année 2013 à flâner sur la montagne pour réussir à toucher des instants de vérité. 22 nuits en tout. «J’avais vu cet été là The Bling Ring de Sofia Coppola. Y a une scène magnifique où l’on voit une maison en verre se faire voler de l'intérieure, mais d’un point de vue super éloigné. Je trouvais ça fascinant comme prise de vue. Ça été le point de départ d’une inspiration. Je voulais aller filmer des baignades illégales dans la piscine derrière le Royal Victoria. Mais finalement deux jours avant mon début de tournage, la piscine fermait parce que quelqu’un s’était baigné dans la piscine et s’était noyé 🙁 »
Des couleurs vives, voir néons, contrastent avec le noir de la nuit. Une musique au beat composé par GOLD ZEBRA en accompagnement. Des mots écrit par Jonathan Lamy viennent romancer sporadiquement l'image. Déclaration d’amour pour la montagne et exploration d’un sujet sans fin qui est l’amour. L'amour, l'amour, toujours l'amour. Sujet inépuisable et objet difficile à atteindre. Film d'un romantique déçu, mais qui se refuse à une vie sans amour.