Malgré plusieurs problèmes ces dernières années (remise en question de ses subventions, présentations de films étrangers où les sous-titres sont parfois absents, coups de gueule médiatiques de son fondateur, Serge Losique), le Festival des films du monde de Montréal demeure un incontournable dans notre paysage culturel, un festival où il y a certes beaucoup à voir et qui a encore un énorme pouvoir d'attraction pour les premières et les projections d'oeuvres parfois obscures que nous aurons rarement le loisir de revoir ailleurs. Sa programmation est chaque année parsemée d'heureuses surprises, et nous l'avons épluchée avec plaisir pour le bonheur de vos yeux.
1. Mes ennemis
(de Stéphane Géhami)
Dimanche 6 septembre à 9h et 19h, au Cinéma Impérial
Crédit: Page Facebook Mes Ennemis
Il s'agit ici du seul film canadien en compétition internationale, et le synopsis a de quoi intriguer! Un jeune romancier de 23 ans se fait plaquer et part avec son baluchon, pour tomber sur Isabelle, une madame de 73 ans avec une grande maison, un piano et de multiples pensionnaires. Amour fou? Opportunisme? Poésie cinématographique?
Le film propose une belle brochette de comédiens – Louise Marleau, Hubert Proulx, Maxime Gaudette – et son réalisateur Stéphane Géhami a signé trois films en 14 ans, dont En Plein Coeur en 2008, avec un ton très original et, disons-le, tendre. Un gars qui prend son temps avec ses projets, et qui ne rate pas sa cible.
2. 2 Nights Till Morning
(de Mikko Kuparinen)
Lundi 31 août à 9h et 19h, au Cinéma Impérial
Crédit: Page Facebook 2 Nights Till Morning
C'était suffisant pour piquer notre curiosité: un film finlandais de Mikko Kuparinen avec Marie-Josée Croze. On y raconte un "one night stand" (souvenez-vous que Croze n'est pas étrangère aux "one nights" en revisionnant Maelstrom de Denis Villeneuve) se déroulant à Vilnius, entre deux individus ne parlant aucune langue commune. Ce bref instant partagé deviendra beaucoup plus significatif que prévu lorsque, le lendemain, un nuage de cendres volcaniques retiendra au sol tous les vols, et un mensonge sera par le même fait éventé.
On ne parle pas assez de Croze, une comédienne de chez nous au parcours aussi original qu'atypique. Ses choix de films sont toujours personnels, mais justes, et sa beauté classique ne se démode pas. Et combien d'actrices québécoises ont joué pour Spielberg, Wenders, Nicole Garcia ou Tony Gatlif?
3. Fou d'amour
(de Philippe Ramos)
Samedi 29 août à 9h et 16h30, au Cinéma Impérial
La tête d'un curé guillotiné clame son innocence, même après sa mort, et devient tranquillement le narrateur du récit. Nous sommes en France, en 1959, à une époque où le clergé a habituellement le beau rôle. Cependant, deux crimes plutôt sérieux ont été imputés à notre pauvre homme, et si on a droit au départ à un ton assez proche de la comédie, des détails accablants viendront peu à peu noircir le tout, jusqu'à changer complètement l'orientation dramatique du film.
Bien sûr qu'avec un Melvil Poupaud dans le rôle principal et la production de Paulo Branco, vieux comparse du très regretté Raul Ruiz, ce film allait faire partie de notre sélection! Il semble y offrir les mêmes éléments tragi-comiques et fantastiques qu'une oeuvre du maestro, sous la main de maître de Philippe Ramos, qui a déjà eu le bon goût d'adapter Melville et de faire de Dominique Blanc (aussi présente ici) sa muse.
4. Un Instante en la Habana
(de Guillermo Ivàn Duenas)
Samedi 5 septembre à 9h et 19h au Cinéma Impérial
Crédit: Page Facebook Habana Instant
Guillermo Ivan Duenas fait partie de la nouvelle vague du cinéma mexicain, cette jeunesse boostée par les succès de Rodriguez ou Iñárritu, et il a décidé de situer son dernier-né dans un Cuba au bord de la levée d'embargo. Deux frères séparés à la naissance se retrouvent après 20 ans quand Carlos, l'exilé, décide de se rendre à La Havane pour revoir Marcello, qui ne l'a pas eu facile, et souffre désormais d'une maladie incurable.
Ils passeront bien entendu par toutes les émotions, mais plus forte que toutes sera la magie des retrouvailles. Dans un décor enchanteur, avec toutes les assises d'un bon gros drame pendant lequel on a envie de laisser se déchaîner nos glandes lacrymales, Habana Moment est le telenova de luxe du festival.
5. Orage
(de Fabrice Camoin)
Le 4 septembre à 11h30 et le 5 septembre à 21h, au Cinéma du Quartier Latin
Premier long métrage pour cet artisan de métier, Orage est rien de moins qu'une adaptation du roman Dix heures et demie du soir en été de Marguerite Duras. Cette histoire tourmentée raconte la fuite de Maria, qui abandonne sa famille en vacances un soir d'orage, dans une petite ville espagnole, avec un assassin maghrébin recherché par la police après avoir abattu sa femme et son amant.
Extraordinaire fable sur la famille et l'identité, ce classique littéraire des années '60 est actualisé aux angoisses du jour, tout en conservant un aspect "hors du temps" qui garde le spectateur en haleine. Avec Marina Foïs et Sami Bouajila.
Festival des films du monde de Montréal
Du 27 août au 7 septembre 2015
