Film d’une génération. Succession de chansons cultes. Révélateur de vedettes. Grease occupe une place précieuse dans le cœur de milliers de cinéphiles. Si bien qu’il est impossible de ne pas succomber au charme de la nostalgie ou de ne pas se laisser emporter par l’énergie folle que déploient les 17 interprètes de sa version scénique.
Forte d’une complicité du tonnerre, l’équipe de Grease offre plusieurs moments marquants aux spectateurs. Gardy Fury vole la vedette – comme il l’avait fait deux ans plus tôt dans Hairspray – en interprétant l’ange gardien, avec un groove qui n’est pas sans rappeler celui de Michael Jackson. Ses déhanchements lascifs, sa voix suave et puissante, et sa capacité à mettre le public dans sa petite poche d’en arrière lui valent l’une des trois étoiles du spectacle.
Les deux autres reviennent sans contredit aux interprètes de Kenickie et de Rizzo: Philippe Touzel et Joëlle Lanctôt. Rares parmi les membres de la distribution à savoir aussi bien chanter, danser et jouer – la triple couronne des comédies musicales – ils sont solides à chacune de leurs présences parmi le groupe, en plus d’époustoufler la foule durant leurs numéros solos.
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On ne peut malheureusement pas en dire autant de ceux qui défendent les rôles de Sandy Donovan et de Danny Zuko. Si Annie Villeneuve possède l’une des plus belles voix et assurément la plus grande maîtrise technique de la production, son jeu n’offre pas suffisamment de nuances et d’étoffe à son personnage de jeune fille sage, qui fait pâle figure aux côtés des autres.
Pour sa part, Jason Roy-Léveillée récolte une salve de fous rires chaque fois qu’il déploie son arsenal de mouvements rigolos et simili-séduisants. Toutefois, force est de constater que son allure burlesque à la Olivier Guimond n’est aucunement cohérente avec ce qu’impose l’histoire. On doit aussi préciser que, même si l’acteur possède une belle gueule, un sens du timing et une aisance scénique incontestable, il n’a pas ce qu’il faut pour chanter. Les fausses notes sont nombreuses, la puissance est inexistante, les harmonies vocales semblent toujours périlleuses et les oreilles les plus fines remarqueront que le volume de son micro est diminué lorsqu’il chante en duo, afin de donner plus de place à une partenaire toujours juste.
On regrette une fois de plus de voir Normand Brathwaite dans une comédie musicale, alors qu’il ne sait pas/plus chanter. Jean-Marc Couture peut se fier sur sa voix et son sens du blues quand il joue Johnny Casino, mais tous les moments où il doit habiter la scène avec des paroles ou des silences tombent à plat. Mathieu Lorain Dignard occupe un rôle étonnamment important – Sonny – alors qu’il est encore à l’étape de «jouer un personnage», à défaut de l’incarner véritablement. Sans parler de ses talents de danse limités.
Crédit: Vivien Gaumand (Page Facebook Juste pour Grease)
Sur le lot des chansons fredonnées en anglais, en français ou dans les deux langues, presque tous les interprètes peinent à articuler. Si vous avez le malheur de ne pas connaître une chanson, bonne chance pour en comprendre les paroles en français (exception pour Joëlle Lanctôt qui sait chanter en articulant).
Les chorégraphies, allègres et festives, rappellent les pas de danse du film. La mise en scène n’invente rien, si ce n’est l’incursion de circassiens talentueux, mais nullement pertinente à l’ensemble. Un nombre incalculable de blagues tombent à plat. Mais, malgré tous ces bémols, on rit, on s’émeut et on replonge avec une joie non dissimulée dans l’univers de Grease.
Grease
Jusqu'au 1er août au Théâtre St-Denis