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ILLUSIONS au Prospero: un rendez-vous manqué!
Crédit: ILLUSIONS, une pièce d'Ivan Viripaev est à l'affiche au théâtre Prospero.

La Veillée, la compagnie fondatrice du Théâtre Prospéro, avait produit la pièce Oxygen de Ivan Viripaev en 2013. Suite à la critique favorable, ils remettent la table avec le texte Illusions du même auteur. Troquant Christian Lapointe pour Florent Siaud à la mise en scène.

Quatre comédiens dans la quarantaine sont sur scène. Ils racontent l’histoire amoureuse de deux couples. D’abord du couple de Dennis et Sandra, puis de celui d’Albert et Margaret. Ces derniers âgés d’une quatre-vingtaine d’années, se remémorent leurs amours au moment de leurs morts. Le texte de Viripaev construit tout en subtilité explore le sentiment amoureux sous un nouvel angle de traitement, le rendant humain et inédit. Le tout s’apparente à une sorte de marivaudage métaphysique où les amoureux sont trompés par les quiproquos multiples.

(crédit : Matthew Fournier)
 

Extrêmement narratif, c’est un texte qui se décline en plusieurs monologues narratifs. Heureusement, les comédiens sont assez bons. Notamment, Évelyne de la Chelière qui porte à elle seule la pièce et qui était étonnante et touchante dans le monologue d’ouverture du spectacle. Son jeu d’actrice tout en fragilité était captivant. Soulignons aussi la superbe scénographie de Romain Fabre. L'espace scénique se muait en énorme cube bleuâtre où les gradins venaient s'encastrer dans le quatrième mur. Tout indiquait la possibilité d'un succès, mais malheureusement, c’est là que s’arrête mon appréciation de ce spectacle…

(crédit : Matthew Fournier)

Les entre-monologues de course à pied ou de badminton sont aussi brouillons qu’inutiles. On sent que le but est de rythmer le spectacle et de rompre avec l'ambiance plus soporifique des monologues… mais l’effet n’est pas réussi. On comprend ce que Siaud veut faire, mais il n’y parvient jamais. Le public ne devient jamais complice du spectacle.

Autre point, le résumé du spectacle en karaoké… ou plutôt, comment prendre son public pour des cons à 15 minutes de la fin du show en résumant l’histoire sur l’air de «These boots» de Nancy Sinatra! Ce moment était tout simplement malaisant, et est une atteinte à l'intelligence. Pour vous donner une idée, les quatre acteurs se mettent alors à jouer les vieillards gâteux, un d’eux va même jusqu’à s’uriner dessus. Ce cliché aussi bête qu’inutile vient littéralement gâcher la poésie du texte.

La scénographie aurait pu servir de lieu idéal à d’amples projections afin de meubler l’espace et les histoires racontées, mais non! On s’est contenté de quelques projections qui oscillaient entre le déjà vu d’une vague sur la berge et le cliché d’un coucher de soleil orangé. En parlant de cliché, y a t-il quelque chose de plus cliché que de chanter «L’amour est enfant de bohème» dans une pièce sur l’amour? Je ne crois pas, non.

Malheureusement, c'est selon moi un rendez-vous manqué par cette production.

ILLUSIONS
Théâtre Prospéro
17 mars au 11 avril

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