(« …à un point, ma foi je crois, extrêmement. »)
C'est fou tous les dégâts que subit chaque jour notre belle société juste à cause de tous ces gens qui ne fourrent pas assez à leur goût. C’est un truc terrible à vivre. Je le sais, car je suis moi-même un expert en manque de fourrage. (Aucune carte d’affaires pour l’instant.) Il y a plein de stretch de ma vie que j’ai passés à ne pas fourrer.
Je ne souhaite ça à personne.
Les conséquences à ne pas fourrer assez sont épouvantables. On devient marabout, rempli de colère, pompé de stress, surcrinqué de frustrations qui explosent d’un million de façons sur un peu tout le monde dans les environs.
Est-ce qu’il y aurait autant de haters et de trolls partout si tout le monde fourrait comme il se doit? Jaaaaaamais. En fait, je pense que les réseaux sociaux perdraient 90% de leurs clics si les gens étaient zen et épanouis sexuellement. Il y sûrement une étude sérieuse qui le confirme quelque part! 90% des refresh sur Twitter ou Facebook sont en fait une demande subtile à l’univers :
« SVP doux Jésus (ou tout autre barbu), envoyez-moi quelqu’un de hawt à fourrer. »
Et on fait ça à répétition à longueur de journée. Souvent même sans s’en rendre compte. On charge et recharge nos quatorze apps avec chaque fois, un micro-espoir qu’on va enfin tomber sur LA notif qui changerait tout. L'élue des notifs rouges qui nous annoncerait enfin ce qu’on attend depuis si longtemps. La fameuse notif qui nous amènerait enfin tout le luv mouillant dont on a tant besoin.
Mais évidemment, c’est une succession infinie de coïts interrompus. La nouvelle notif t'avertit toujours d'une connerie sans importance. Puis, une autre connerie. Et une autre connerie. Et un moment donné, qu’est-ce qu’on fait? Tu le sais. On finit par sauter une coche sur un truc parfaitement aléatoire comme le Ice Bucket Challenge.
Pourtant, dans ta vie, il y a des tonnes de trucs sur lesquels tu pourrais mettre de l’énergie pour te sentir mieux ou pimper ton bonheur, mais tu te défoules contre le colisse d’Ice Bucket Challenge. Criss qu’il te tape sur les nerfs, aujourd’hui, le Ice Bucket Challenge. Mais qu’est-ce qu’il t’a fait, le bucket, hein? Rien pantoute.
Ah, c’est vrai, tu cherchais seulement à préciser en toute bonne foi que ce sont les dons qui sont importants et non la zzzzzz…
Tu sais très bien que si t’avais assez fourré ce matin. Une vraie baise tripante où tu te surprends à crier plus fort que d’habitude. Tu t’en crisserais pas mal de la dernière mode 2.0 où des 450 se garrochent des seaux d’eau dans ‘face deux semaines en retard. T’en aurais rien à foutre, comme t’en avais rien à foutre durant tout le reste de ta vie.
Idéalement, on pourrait échanger tous les comptes Facebook et Twitter de la terre contre des hawt lovers. (Ou peut-être inventer un genre de airbnb du sexe?) Quand t’aurais envie de procrastiner ou canaliser tes frustrations, au lieu d’aller te révolter contre le linge d'une vedette ou d’embarquer dans une flame war pour convaincre un inconnu que ton Samsung est meilleur que son iPhone, t’irais juste chercher l’attention douce et spéciale dont t’as cruellement besoin.
Parce que le luv, ça décharge les tensions. C’est comme une balle antistress, sauf que tu squeezes des affaires plus le fun.
Bien sûr, la porn peut aussi aider à enlever le trop-plein, mais en se branlant tout seul devant l’ordi, personne n’est là pour te trouver bon. (À moins d’être vraiment ouvert avec tes colocs.) À force de ne pas fourrer avec du vrai monde, tu commences à te sentir comme quelqu’un de non fourrable. Ce qui magane ton moral, ton égo et ton pourcentage.
Tout ça se reflète partout dans ton quotidien. D’où l’importance de fourrer souvent.
On semble oublier que le sexe, lorsque bien exécuté, cesse de n’être que du sexe. Ça devient aussi quelqu’un qui t’apprécie. Quelqu’un qui te choisit toi. (Si tu ne payes pas, ‘mettons.) Quelqu’un qui te trouve bon.
C’est un méchant boost pour l’égo qui fait gros du bien. Chaque fois, c’est comme des mini-vacances.
Tu dors moins, mais tu dors mieux. Le matin, t’es de bonne humeur dans le métro. T’es meilleur à ta job. (Ou si tu ne l’es pas, ça te dérange moins.) T’es plus souriant et plus confiant. Ça augmente donc ton charme et ta séduction et du coup, tu fourres encore plus! C’est un super loop comme la toune de poudre des Vulgaires Machins. Un train qui prend de la vitesse et qui devient de plus en plus impossible à arrêter! Jusqu'à ce que le niveau de bonheur explose.
C’est tout ce dont le monde a besoin : un petit amour de transition utopique.