Hier soir, j'assistais à un LIVE de la WWE, au Centre Bell. Raw, pour être précis, une hebdo que je suis quasi-religieusement à tous les lundis, depuis 1993. Je suis fan de lutte, oui.
Tout se passait passablement bien quand… premier combat de filles. Mauvais, mauvais, mauvais. Les gens s'emmerdaient et scandaient «Boring!!». Mais j'y voyais là pas mal plus qu'un simple cas de match ennuyant. C'était sexiste, réducteur pour la femme. Pas très nouveau, en fait, mais ça m'a toujours dérangé.
Le fait que les combats de lutteuses soient aussi insipides en révèle beaucoup sur la manière dont on considère les filles, dans la lutte. Si on voulait vraiment qu'elles se transforment en vraies de vraies lutteuses comme on en a déjà connues, on miserait davantage sur cet aspect. Mais nope, on s'en câlisse. De vulgaires poupées. Des objets. Des drama queens, jalouses possessives. Des crisse de folles. Des donneuses de claques, tireuses de cheveux aux gros seins/petite taille.
Si les matches sont aussi plates, c'est qu'on se contente de câlisser des filles bien shapées sur le ring, des mannequins et ex-pornstars, pis le crowd n'a qu'à se masturber dans sa tête.
D'ailleurs, quand l'une des lutteuses est arrivée, la foule montréalaise y est allée d'un chant spontané: «You suck Cena!!». C'est qu'elle suce le pénis du champion John Cena. Mais lui, John Cena, quand il met le pied dans l'arène, on ne lui crie pas qu'il fourre avec cette fille. C'est elle la salope, pas lui.
La preuve qu'on ne considère la femme avec respect est plutôt évidente ici, autrement, on dirait d'une collègue qu'elle couche avec un autre collègue. Une relation qui s'est développée sur la route entre lutteur-lutteuse, rien de plus banal. Mais hey, c'est une femme donc forcément une groupie qui n'en a que pour les gros hommes musclés, right?
Ça me rappelle quand Lita, la copine du moment de Matt Hardy, couchait secrètement avec Edge. Partout où elle passait, dans le monde entier (dont Montréal), Lita était une grosse crisse de pétasse infidèle. La méchante, c'était elle et pas Edge. Il peut bin trahir un ami/collègue si ça lui chante, i guess. Ça, c'est all good.
Bref, plus on avançait dans le combat, plus les gens s'endormaient. C'est là qu'on a pu entendre: «We want puppies!!». On veut des seins. Un héritage de Jerry Lawler qui, durant les 90s, en a fait son trademark. Pendant que les femmes luttaient, lui, il se crissait bien de leurs capacités à powerbomber l'adversaire; il voulait des seins, là, maintenant et rien d'autre que des seins. (Je voulais la même chose que lui, mais j'étais très jeune, pardonne-moi.)
Ensuite, l'autre combat, par équipe, impliquant le sexe féminin. L'une des partenaires d'un team se chixait la face plutôt que d'se soucier du sort de sa co-équipière sur le ring. Une vraie câlisse de blague. Aucune considération pour le potentiel talent de ces femmes (tout est scripté, évidemment). On a eu droit à une finale de claques dans 'face, de roulage par terre pis de pompons qui revolent.
Il arrive aussi qu'on fasse voter la foule afin de déterminer le sort du combat des femmes. La dernière fois que j'y suis allé, le public avait décidé qu'elles ne se battraient pas mais plutôt se déhancheraient langoureusement dans une compétition pas très rigoureuse de danse.
Aussi: pendant longtemps et jusqu'à leurs morts respectives, on a attribué aux légendes de la lutte féminine, Mae Young et Fabulous Moolah, le rôle de très répugnantes personnes âgées. On les fuyait comme la peste, vomissait en leurs présences. Parce que les femmes, une fois vieilles, elles ne servent plus à rien, tsé. Alors que du côté des hommes, on accueille toujours en héros les Hulk Hogan, Ultimate Warrior (RIP) et Bruno Sammartino.
Des fois, je suis assez fier de mes idoles de jeunesse (Stone Cold à propos du mariage du même sexe), alors que d'autres, la lutte et ses fans peuvent se révéler comme étant la pire chose au monde en terme de misogynie.
Je vous déteste.