Toujours à la barre de la websérie littéraire Rature et lit, l'écrivaine lance Quand j'étais l'Amérique, un recueil de nouvelles peuplé de personnages à la conquête de leur liberté.
Elsa, souhaitais-tu dès le départ que la liberté soit le fil conducteur de ton recueil?
Il y avait cette idée d'écrire du point de vue de ceux qui admirent des gens très libres, en apparence. J'ai moi-même souvent été séduite par ces personnes très émancipées qui semblaient toujours savoir ce qu'elles voulaient dans la vie. Je voulais aussi raconter la confusion qu'on a devant la liberté aujourd'hui. J'ai l'impression qu'on croit que si on peut faire ce que l'on veut, on est libre, alors que pour moi, la liberté se crée lentement, à force de faire des choix pour soi, comme je le montre dans mes nouvelles.
On sent aussi beaucoup l'idée de s'affranchir de l'arbre généalogique, de l'hérédité. Pour toi, la famille est-elle toxique?
Pour être libre, il faut connaître les cages qui nous enferment. Souvent, la famille peut être l'une de ces cages car on vit avec elle malgré nous. Ça ne veut pas dire que c'est toujours toxique, au contraire – moi j'ai un très bon rapport avec ma famille – mais il faut quelquefois s'en libérer pour être soi.
Être soi, c'est justement le sujet de ta nouvelle éponyme, plus autobiographique.
Oui, j'ai voulu mettre deux idées en relief dans cette nouvelle. Premièrement, l'identité en suspens, que j'ai vécue moi-même quand j'allais visiter ma famille française et où j'étais la Québécoise qui avait le lourd poids de représenter l'Amérique. Deuxièmement, le fait que, parfois, les autres projettent sur nous leurs désirs et que cela est très dur à porter.
En terminant, aurais-tu un recueil de nouvelles à nous suggérer?
Je conseille toujours La mer de la tranquillité de Sylvain Trudel. C'est magnifique. Le regard qu'il pose sur l'humanité m'inspire. L'auteur a vraiment saisi ce qui fait l'essence de la nouvelle.
Nouvelles – Quand j'étais l'Amérique
Elsa Pépin, XYZ, coll. « Quai no 5 », en librairie.
