Il faut bien mettre les affaires judiciaires de côté pour jauger l’artiste, et seulement lui. Surtout qu'Horizons, co-réalisé avec Pascal Humbert, atteste que Bertrand Cantat est encore un artiste immense. Et nul ne pourra reprocher à l’ancien chanteur de Noir Désir d’aller puiser l’inspiration dans ses douleurs. C’est le propre des artistes.
Horizons, forcément, se comprend à la lumière du pire : Marie Trintignant, l’alcool, le dérapage, les coups qui entraînent la mort. La mort sans la vouloir. Chaque chanson porte, en sourdine, la trace de ce hurlement. Le refrain «Dors mon ange, dors», qui ponctue frénétiquement «Ange de désolation», est tétanisant à ce titre-là. L’éponyme «Horizon», triste balade, puissante à souhait, évoque à coups de réminiscences oppressantes son séjour carcéral: «Le rythme carcéral passe par la tuyauterie un dialogue de misère pour dire qu’on est en vie ou bien qu’on fait comme si.» C'est dérangeant, donc poétique.
S’y couplent les sons grunge et mélancoliques (recette qui fait mouche) des guitares, les mélodies discrètes qui entretiennent l’ambiance feutrée. On applaudira l’harmonica, la contrebasse. Et la prose de Cantat, fabuleuse. Finalement, la chose devient claire devant «Le creux de ta main»: au fond, Noir Désir est toujours un peu là.
Horizons | Detroit (Bertand Cantat, Pascal Humbert)
Disponible le 3 décembre au Canada