Bien des puristes du R&B moderne ont vu dans l’avènement d’une soul à saveur rétro – Amy Winehouse, Raphael Saadiq, Aloe Blacc, Sharon Jones et cie – une mode passagère. Plus le temps passe, cependant, plus on se dit que c’est plutôt le R&B sirupeux et surproduit des années 80, 90 et du début des années 2000 qui est devenu vétuste. Le retour aux valeurs des années 60, c’est surtout un désir de sauver cette musique des griffes de la radio. Six ans après l’explosion Back to Black, force est de constater que cette réorientation a fait école.
Mayer Hawthorne n’est pas le plus connu de cette vague, mais il reste l’un des plus intéressants. Comme Aloe Blacc, Andrew Cohen (son vrai nom) fréquentait d’abord le hip-hop avant de risquer quelques productions soul à la blague. Quand Peanut Butter Wolf, patron du label Stones Throw, a entendu ses ébauches, il aurait été persuadé d’entendre d’obscurs singles des années 60.
Cohen ne fait pas que chanter comme les poulains de l’écurie Motown de naguère. Sur disque, il joue et réalise comme eux et ce, entièrement seul! Le choc vient lorsqu’on réalise que derrières ces ballades groovy, chaudes et sensuelles se cache un jeune blanc-bec chétif à l’air complètement geek.
Le crooner a particulièrement réussi son entrée en 2009 avec A Strange Arrangement, un premier album étonnamment mûr serti de sonorités bien craquelantes. En octobre dernier, il récidivait avec How do you do, légèrement moins accrocheur et dynamique, mais encore plus approprié pour tout tête-à-tête lascif.
Mayer Hawthorne
26 mai | Théâtre Corona
2490, Notre-Dame O.
avec The Stepkids
mayerhawthorne.com