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L’excellent tandem Africa Hitech transporte son électro exotique à Montréal

Le nom évoque une version futuriste des musiques africaines. De la kora glitch? Du dubstep au tam-tam? Finalement, non. Ou si peu…

Sur 93 Million Miles, une brillante première tranche d'électronique sombre lancée en mai chez Warp (après deux EP en 2010), le tandem composé des producteurs et DJ Mark Pritchard et Steve Spacek reste dans les limites des courants électro occidentaux, mais impose quand même une forte sensation d'exotisme.

93 Million Miles n'est pas un album de club typique – poli, lustré, musclé –, ni ne donne non plus vraiment dans l'expérimental. L'opus donne plutôt l'impression de présenter la musique électronique à l'état sauvage. Libre des enceintes des étiquettes, des considérations territoriales. Primale et dansante par moments, futuriste et spatiale à l'occasion, souvent quelque part entre les deux. Sujette à la reproduction interespèce, aussi, entre spécimens dubstep, techno, house, grime, reggae, soul, électro, UK garage…

À la base, Pritchard et Spacek cherchaient à retracer les racines de la musique électronique moderne jusqu'au soul et au funk des années 70, au blues et éventuellement à la musique folklorique africaine, d'où le nom du projet. Tous deux actifs depuis le début des années 90 – Pritchard a endisqué sous les pseudos Harmonic 313, Harmonic 33, Global Communication, Troubleman, Reload, Link et maints autres; tandis que Spacek, de son vrai nom Steve White, a aussi été de Spacek, Spacek Sound System et Stex, objet de collaborations avec l'ex-Smiths Jonny Marr et J Dilla – les deux hommes n'ont cependant fait connaissance qu'en 2007, alors qu'ils donnaient chacun des conférences à la Red Bull Music Academy de Toronto. Basés en Angleterre à l'époque, les deux hommes seraient depuis retournés dans leur Australie natale.

En phase avec l'esprit du projet, Pritchard et Spacek et ont usé de technologies d'hier et d'aujourd'hui pour concocter 93 Million Miles: des vieilles tables à mixage des années 70, mais aussi des portables et même un iPhone. Et si l'échantillonnage y est largement utilisé, il s'y comporte comme un instrument parmi tant d'autres jusqu'à se fondre dans le décor, même lorsqu'il s'agit d'une séquence connue, comme celle de «World-a-Music» d'Ini Kamoze dans «Out in the Streets».

Inévitablement, Africa Hitech donne aussi un aperçu de l'avenir de la musique électronique. Ne serait-ce parce que les fantaisies futuristes sont aussi une part de l'habitat naturel du genre.

Africa Hitech
18 novembre | Cabaret du Mile-End
5240, Parc
avec Ango, Boomclap Soundcrew et Lexis
warp.net/africa-hitech