Il y a deux genres de personnes: ceux qui sont automatiquement dans l’esprit des Fêtes et ceux qui ont besoin, disons, d’acclimatation pour faciliter le passage au travers de cette période de surconsommation et de réunions familiales weird.
Ceux qui font partie de la première catégorie n’auront probablement pas besoin de lire cet article. Ces gens-là sont déjà disposés à fêter Noël dès le lendemain de l’Halloween, trépignent à la vue de la moindre décoration et se plaisent d’entendre des cantiques peu importe la version, qu’il s’agisse de la musique de centres d’achats ou du disque de Noël de Susan Boyle. Tant mieux pour eux!
Pour les autres, la musique de Noël est à priori un irritant. À mesure que la date fatidique approche, on est disposé à lui faire une place, mais pas à tout prix. Faut qu’elle soit vraiment bonne, idéalement un peu originale… Pas évident à trouver, mais ça se fait. Quelques pistes…
Titre: A Christmas Gift for you From Phil Spector
Artiste: Phil Spector et ses amis
Année: 1963
À moins d’avoir demandé une balle dans la nuque au Père Noël, le nom de Phil Spector ne rime pas particulièrement avec «amour et partage», de nos jours. Mais alors qu’il était à son zénith en tant que pondeur de hits, l’excentrique frisé a signé jadis ce petit bijou composé de classiques («White Christmas», «Frosty the Snowman», «Rudolph the Red-nosed Reindeer», «Winter Wonderland») passés dans la moulinette de son fameux «wall of sound». Gros drums, tintements, cordes et harmonies à gogo avec les voix des Ronettes, Crystals et autres chouchous de l’époque. L’album a fait patate à l’époque de sa sortie (fallait pas le lancer le jour de l’assassinat de John F. Kennedy, non plus!), mais il est depuis devenu un incontournable, même en dehors de la saison des fêtes. Brian Wilson, notamment, le cite comme son album favori de tous les temps.
Titre: Tis the Season for Los Straitjackets
Artiste: Los Straitjackets
Année: 2002
Le problème avec le temps des Fêtes, c’est qu’on y parle beaucoup trop. En 2002, le loufoque quatuor américain (connu pour porter des masques de lutteurs mexicains) donnait l’exemple avec ce bouquet de cantiques revus et corrigés à la sauce surf instrumentale. «Feliz Navidad», «Rudolph the Reindeer», «Let it Snow» et neuf autres servis avec «pep» et légèreté. Parfait pour siroter un martini.
Titre: Our First Christmas
Artiste: Variés
Année: 2010
Cette compilation regroupant des groupes inconnus comme The Fugitives, The Blue Violets, The Zolas et Adaline est en fait la toute première parution du nouveau label vancouvérois Light Organ Records. Méthode adroite pour se faire remarquer, mais on la retient surtout parce qu’elle ne ressemble pas à un album de Noël. Peu de classiques ici; plutôt des chansons portant de près ou de loin sur la blanche saison (comme «Why You Wanna Ruin Christmas?» par Fine Times, ou «Christmas at the Office Party», par The Fugitives), livrés en mode indie-pop, indie-folk, etc.
Titre: Gling-Gló
Artiste: Björk Guðmundsdóttir & Tríó Guðmundar Ingólfssonar
Année: 1990
En théorie: pas un album de Noël pantoute. Mais c’est Björk (a.k.a. la fée des étoiles). Avec un trio jazz. Chantant en Islandais. Le titre veut littéralement dire «ding dong» (comme dans cloches) et il y a au moins une hallucination auditive quelque part dans le tas où elle semble dire «it’s Christmas again». Donc en pratique: un album de Noël. Et pas mal le meilleur, à part ça.
Titre: Ho! Ho! Ho! Canada Deux
Artiste: Variés
Année: 2010
Gracieuseté du blogue canadien The Line of Best Fit, qui a regroupé, après appel à tous, trente morceaux d’artistes indépendants du pays portant sur Noël et/ou l’hiver, dont la moitié ont été enregistrés spécialement pour l’occasion. Parmi les participants de cette seconde édition: By Divine Right, Great Lake Swimmers, The Russian Futurists, Basia Bulat et nos concitoyens Sean Nicholas Savage et Leif Vollebekk. L’assortiment de reprises et d’originaux, du plus pop au plus weird en passant par le folk, est réparti sur deux volumes disponibles en téléchargement gratuit juste ici.
Titre: Joy to the World
Artiste: Pink Martini
Année: 2010
On peut écouter celui-là avec la famille au complet: c’est doux, calme, traditionnel et tout ça, mais avec une petite touche d’originalité. Fidèle à ses ambitions mondialistes, le groupe new-yorkais mêle des hymnes asiatiques, italiens et yiddish aux cantiques habituels; en traduit certains passages en d’autres langues et propose quelques réarrangements succulents, comme une batterie jazz sur «Schedryk» et une touche d’afrobeat à «We Three Kings». Pourquoi pas?