Dès le premier visionnement de la bande-annonce, un frisson traversait le corps. Conte glauque pour adultes, le dernier film de Darren Aronofsky fascine.
Nina Sayers (une nomination aux Oscars pour Natalie Portman!), danseuse de ballet, se retrouve en tête d’affiche pour interpréter l’héroïne suicidaire du « Lac des cygnes ». Sous la tutelle de Thomas Leroy (Vincent Cassel, pulsion sexuelle autour de Nina), Nina se livrera à une exploration de son corps et de sa psyché afin d’atteindre l’incarnation parfaite de son personnage.
Le parcours de cette Miss Swan s’entrecroisera de rencontres troublantes qui affecteront son mental. Lily (Mila Kunis, qui prouve qu’elle sait jouer juste) devient dans l’univers de Nina, un miroir déformant par lequel elle laisse aller ses pulsions. Beth, une danseuse déchue (Winona Ryder, actrice déchue), incarne l’image de la ballerine jetée après usage. Erica Sayer, la mère (excellente Barbara Hershey), renvoie à un certaintandem Isabelle Huppert-Annie Girardot par sa construction tordue.
Le film nous plonge dans le torrent intérieur de Nina. Elle se sent traquée par elle-même, par les autres. Elle se perd et le spectateur se perd avec elle. Aucun repère possible. Tout ne peut être qu’une illusion. Le jeu du double brouille le réel.
Aronofsky renoue ici avec la méthode utilisée dans son précédent film, The Wrestler. L’actrice se donne psychologiquement et physiquement, filmée du point de vue de la caméra subjective. Les corps filmés avec proximité rendent la relation entre personnages et spectateurs intime, ces derniers se retrouvant jusqu’à tourner au milieu de la danse dans ces mêmes mouvements chorégraphiés par les danseurs. L’angoisse persistante tout au long du film se nourrit d’une ambiance sonore travaillée. La direction artistique impeccable nourrit les personnages de symboles par leurs couleurs, par leurs objets, le tout bercé par des airs musicaux de Clint Mansell (Requiem for a Dream) et monsieur Piotr Ilitch Tchaïkovski.
