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Jimmy Hunt: chocolat au lait

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Jimmy Hunt: chocolat au lait

Lors de la première écoute du deuxième album solo de Jimmy Hunt (un premier devenu presque introuvable a vu le jour en 2003), on reste sur le qui-vive; on s’attend à voir apparaître le fou furieux qui se disait moitié homme moitié loup, l’irrévérencieux personnage qui squattait l’appartement de son ex et pissait sur son divan.

Mais ce n’est pas exactement lui qui nous attend dans le détour: «C’est assez volontaire. Je voulais que les attaques et les éléments grinçants soient plus subtils, qu’il y en ait un de temps en temps, mais pas plus. Dans Chocolat, je privilégie les textes cinglants pour cadrer avec la musique. Cette fois, même le fleur bleue, je l’ai laissée passer.»

Clairement, les textes sont ceux d’un type dont le deuil amoureux n’est pas complété: «J’ai composé l’album dans un contexte de couple qui bat de l’aile. Je suis un peu bluesman à la base», dit celui qui s’est rendu sur le pouce jusqu’en Alaska avec dans ses bagages une guitare et un harmonica, il y a plusieurs années.

Sa musique aussi est beaucoup plus tempérée. De la racine garage-psychédélique du premier EP de Chocolat, il ne reste plus grand traces. Jimmy Hunt se dit particulièrement séduit par les dernières galettes de Beach House et des Fleet Foxes. Chanson folk, c’est dans ces eaux que baigne l’album d’un chanteur qui pourrait être le chaînon manquant entre Ferrat et Charlebois. La remarque le fait sourire. «C’est un peu malgré moi. Je ne suis pas comme Daniel Boucher par exemple, qui a visiblement tripé sur Charlebois. Moi, je me suis mis à écouter Québec Love après Piano Élégant. J’ai cherché d’où pouvait venir la comparaison. Charlebois a dressé un pont entre le country-folk américain et la chanson française. Je suis un peu là-dedans moi aussi; c’est peut-être ce croisement, et le fait que notre accent soit ni trop québécois ni trop franchouillard, quelque part à mi-chemin, qui permet d’établir un parallèle.»

La niche de l’intraitable
Après s’être fait mettre dehors de chez Grosse Boîte avec ses chocolatés camarades (il y a eu quelques épisodes de grabuge au FME et aux Îles-de-la-Madeleine), Jimmy est de retour dans la niche. «Il a fallu que j’use d’un peu de diplomatie… Éli ne m’aurait pas repris avec Chocolat, mais en projet solo il s’est probablement dit que ça allait être plus facile à négocier. J’avoue qu’ensemble on est un peu intraitables… Le mélange de nos personnalités donne quelque chose d’explosif; on est incapables d’être raisonnables.»

Contrairement à ce qu’on a pu penser, le groupe n’est pas mort, mais a plutôt été laissé en jachère. «Sans dire qu’il y avait des tensions, on n’arrivait pas à s’entendre sur la direction à prendre. On verra si on peut se réaccorder après tout ce temps passé chacun de notre côté…»

En attendant, surveillez le nouvel album solo doux-amer de Jimmy, à paraître le 19 octobre, et aussi Fantôme, projet embryonnaire qu’il développe avec Ysaël Pépin, bassiste de Chocolat.

Jimmy Hunt
21 octobre | Sala Rossa
4848, Saint-Laurent
www.jimmyhunt.ca

 

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