Otto Dix, peintre expressionniste allemand, a vécu les horreurs des tranchées de la Première Guerre mondiale. Mitrailleur inscrit volontairement, il revient de la guerre hanté de cauchemars dans lesquels il rampe à travers les passages étroits de maisons délabrées.
L’oeuvre de Dix offre un contraste marquant entre le plaisir décadent et obscène des bourgeois s’amusant chez les prostituées (qu’on retrouve dans Metropolis) et la violence omniprésente et excessive de War Triptych, une représentation morbide des tranchées. Ce tryptique a d’ailleurs fait scandale au musée Wallraf-Richartz, ce qui a mené au retrait de l’oeuvre et à la démission obligatoire du directeur du musée. En termes de portraits, il se concentre, entre autres, sur les conséquences effroyables de la guerre sur les vétérans, amputés et laissés-pour-compte par la société, tandis que son portrait de la journaliste Sylvia Von Harden résume parfaitement une époque intellectuelle, féminine et branchée d’entre-deux-guerres.
L’artiste vit une tension avec le Troisième Reich. À l’arrivée au pouvoir d’Hitler, on confisque et détruit ses oeuvres, puis on l’oblige à se restreindre à la peinture de paysages. Soupçonné de participer à une tentative d’assassinat contre Hitler, il est arrêté, puis relâché, suite à quoi il devient prisonnier de guerre jusqu’à sa libération en 1946. Ensuite, Otto Dix abandonne un peu la critique sociale, la guerre, les prostituées et la mort pour se consacrer à des sujets religieux et allégoriques.
Rouge Cabaret: Le monde effroyable et beau d’Otto Dix
Du 24 septembre au 2 janvier 2011
Musée des beaux-arts de Montréal (Pavillon Jean-Noël Desmarais)
1380, Sherbrooke O. | mbam.qc.ca