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The Drums: tape-tambour

Il est une heure du matin à Tel-Aviv, Israël. The Drums vient tout juste d'y terminer son premier concert, dernier arrêt d'une tournée qui a débuté en janvier dernier.

Prochaine escale: New York, où le quatuor prendra une semaine de repos bien méritée avant de reprendre la route. En pratique, les membres n'y ont plus de pied-à-terre, ayant dû laisser aller leurs appartements. Mais la maison reste la maison. Et puis, avec tout ce que le groupe a vécu depuis la parution du EP Summertime, en 2009, les garçons ont sans doute assez d'histoires à raconter aux amis pour pouvoir se passer d'un toit pendant quelques jours: l'énervement des magazines britanniques, les apparitions télévisées, les tournées en sol anglais avec Florence and the Machine, The Maccabees et les Kings of Leon… Ici, leur premier album éponyme vient tout juste de voir le jour, mais en Grande-Bretagne, ils étaient déjà des stars lorsque la galette est arrivée chez les disquaires, en juin dernier.

Une heure du matin, donc. On comprendrait le chanteur Jonathan Pierce de vouloir aller faire dodo, boire ou signer des poitrines, mais il est étonnamment heureux de faire la jasette. Le moment qu'il vient de passer dans cet endroit qu'il n'aurait jamais cru visiter lui rappelle, dit-il, «quand on a commencé à écrire notre toute première chanson, dans notre petite chambre de Floride». On parle de reverb, de dextérité musicale, de limites et de ce qui vient après The Smiths.

Vous avez déjà souligné à quel point le reverb était important dans votre son. J'ai regardé quelques clips sur YouTube et il ne semble pas y en avoir autant live. Est-ce une partie de votre son que vous préférez garder pour le studio?
Pour nous, le reverb est un peu une façon de vivre. Nous sommes des gens délirants. Nous surfabulons chaque moment juste pour passer au travers. Ça rend la vie plus facile de prétendre que les choses sont plus belles qu'elles ne le sont en réalité. Le reverb fait la même chose avec le son. Ça romance le son. Ça rend tout un peu comme dans un rêve. Je pense qu'il y en a aussi beaucoup sur scène. Peut-être que ces vidéos que tu as vus n'étaient pas tout à fait fidèles à la réalité… Je t'assure que nous mettons le reverb au maximum! Nous ne nous en remettons pas entièrement à ça, par contre. Au final, ce qui compte le plus, ce sont les chansons. Le reverb aide à transmettre le message, mais tu pourrais siffler une chanson des Drums, la jouer au gazou ou à l'harmonica et tu aurais le même effet.

Il paraît que vous ne saviez pas encore vraiment jouer de vos instruments quand vous avez enregistré l'album. Selon toi, c'était un plus ou un moins?
Un plus! Avant cela, nous n'avions jamais joué que des instruments électroniques. Les instruments à cordes nous étaient totalement étrangers! C'est en partie ce qui nous a motivés à écrire un album de guitares. C'était exotique de s'emparer de ces instruments et d'essayer d'en faire un album. Finalement, ça s'est avéré beaucoup plus facile que nous le pensions, puisque notre approche de la musique est si minimaliste. Nous n'avons pas eu besoin d'apprendre d'accords, ni de prendre de cours… Tout ce que nous avons eu à faire a été de rêver à de super mélodies dans nos têtes et essayer de les décorer en posant nos index sur des cordes. L'album se résume à ça. C'est une note à la fois, tout le temps. Très dépouillé. Il n'y a pas d'accords. Je crois que ça nous a forcés à écrire de meilleures chansons et à porter attention à chaque son.

Vous avez souvent dit que l'idée de ce groupe était de revenir à l'essentiel. C'est souvent ce qui amène les meilleurs albums. Pensez-vous pouvoir garder cette essence à long terme? Souvent, les groupes perdent leur élan en trouvant la «maturité»…
Absolument! Nous voulons être un groupe constant. C'est notre vision. Le jour où notre premier album est sorti, nous avons commencé à échanger des idées pour notre prochain album. Et il n'y en a pas eu beaucoup! C'est parce que nous savons que nous voulons garder les choses telles qu'elles sont. Je pense que plusieurs groupes tombent dans le piège de penser: « oh, nous avons un contrat de disque maintenant, donc nous pouvons engager un réalisateur!» Mais ils oublient de se demander si c'est vraiment une bonne idée. Si nous avions eu un tas d'argent, peut-être en aurions-nous engagé un nous aussi. Mais nous n'en avions pas, nous n'avions pas d'amis qui savaient comment ça marche. Nous avons dû tout faire seuls. Avec le recul, je constate que c'était une bénédiction! C'est ce qui a défini notre son et c'est ce que les gens semblent aimer de notre groupe. Pourquoi devrions-nous changer quelque chose qui fonctionne?

C'est vraiment dommage quand un band se dit: «oh, maintenant, on peut faire ce qu'on veut!» C'est quand on a ce pouvoir qu'on commence à diluer ses idées. Avoir des limites force au contraire à être créatif, à trouver quelque chose de vraiment spécial à l'intérieur de ce cadre. J'aimerais que plus de gens explorent ça. C'est pour ça que nous avons préféré enregistrer dans nos chambres à coucher: c'est confortable, c'est un environnement que nous connaissons, nous sommes entre nous… C'est une idée tellement étrange d'inviter un complet étranger dans ton monde et de lui faire faire le travail à ta place…

On a souvent souligné vos influences… The Smiths, Orange Juice… Comment avez-vous découvert cette musique?
Nous avons tous découvert les Smiths à peu près au même âge, soit à l'adolescence. C'est un peu ce qui nous a fait connecter, devenir amis. Par après, tu découvres d'autres groupes du même genre, comme Orange Juice, puis The Wake, The Orchids, toujours plus en profondeur… Si les Smiths ont été l'influence de base, il y a eu d'autres groupes plus importants encore. Je pense que The Wake est LA plus grosse influence des Drums. Ils sont juste un peu moins connus que ne l'étaient les Smiths. C'est pour ça, d'ailleurs, que nous en parlons si souvent. C'est un groupe que plus de gens devraient connaître. Et il y en a d'autres: The Durutti Column, The Stockolm Monsters… Ils nous ont tous beaucoup affectés! Les Smiths aussi, mais je ne veux pas que les gens pensent que c'est le seul groupe que nous ayons écouté. Honnêtement, nous ne les avons pas écoutés depuis très longtemps! Mais c'est vrai que la musique que tu écoutes quand tu grandis t'affecte beaucoup plus que ce que tu découvres plus tard. Tout ce qui t'arrive quand tu es jeune reste avec toi. C'est la période qui nous définit.

The Drums
17 octobre | Cabaret Juste pour rire
2111, Saint-Laurent
avec The Hairs
www.thedrums.com