La pop du quintette du Massachusetts n’est évidemment pas sans charme. Elle est mélodique, légère, grouillante, colorée… Mais elle souffre aussi de plusieurs lacunes et lundi dernier, au National, c’était hélas ces faiblesses qui ressortaient le plus.
Devant une salle pleine, fébrile, majoritairement composée de filles dans la jeune vingtaine, le groupe a ressorti les tubes de son album Manners et du précédent EP, Chunk of Change, avec une surprise au rappel. Chacun ou presque était accueilli sous un tonnerre de cris et d’applaudissements. Allumé, le groupe s’est cependant montré peu loquace durant les interstices, si ce n’est que pour souligner qu’il s’agissait là du dernier arrêt de sa tournée.
Quelques moments forts: «Little Secrets» et son côté R&B rétro, façon Janet Jackson; «The Reeling» et son refrain savoureux; la plus dynamique «To Kingdom Come», de même que les extraits de Chunk of Change «I’ve Got Your Number» et «Smile Upon Me» (qu’aucune pièce de Manners ne parvient à égaler). Difficile, durant ces moments, de ne pas fredonner, taper du pied ou esquisser un sourire.
Sauf que voilà: il s’agit de pointes dans un paysage qui renferme davantage de creux. Avec leurs mélodies qui ne vont nulle part et leurs décorations électroniques pour tout attrait, les «Moth’s Wing», «Swimming in the Flood», «Folds in Your Hands» et plusieurs autres se fondent dans une espèce de masse sucrée qui, à la longue, finit par ennuyer.
Beaucoup de morceaux reposent en effet presque entièrement sur ces rythmes et gargouillis électro-pop qui vont et viennent ainsi que ces couches de claviers new-wave pas toujours adroitement superposés. Il y a du cute, du gentil en masse, mais une maîtrise finalement assez relative du sujet pop. Pas de vraies dynamiques, pas de fluctuations d’intensité, de sens de l’architecture… Passion Pit ne connaît qu’un mode: on. La pédale dans le tapis partout, tout le temps.
Mais le principal irritant, c’est le chant du leader et fondateur du groupe, Michael Angelakos. Non seulement il opte pour un registre très haut qu’il n’est clairement pas capable d’assumer, son micro passe aussi par une batterie d’effets sonores censés donner du corps à sa voix. Trop évidents et mal calibrés, les effets en question obscurcissent le spectre sonore et font tout simplement mal aux oreilles. Appelons ça le syndrome Deftones (puisque leur chanteur fait sur scène la même erreur).
Avant de conclure, en rappel, avec la très réclamée «Sleepyhead» (c’est ce titre que la foule scandait après que le groupe soit sorti de scène, pas son nom), une autre maladresse: «Dreams», des Cranberries, servie à la sauce Passion Pit. Comme bien d’autres initiatives de la formation, la reprise commence sur une bonne note, mais se termine dans des tergiversations maladroites.
Bref, Passion Pit, c’est pour l’instant beaucoup d’enrobage, de belles intentions, une énergie sympathique, mais un résultat plutôt bancal, sur scène encore plus que sur disque. Dans le genre, nos protagonistes locaux des Silly Kissers font un meilleur boulot, même si moins poli et prêt pour la consommation de masse.