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Éthique urbaine : Radio Énergique

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Éthique urbaine : Radio Énergique

Lorsque je feel exotique ou nostalgique des années 90, ou encore quand je veux voyager bien «parkée» dans mon char, j’allume la radio. Comme média, y’a pas plus estival. Entre un «Mon voisin d’en haut c’t’un ras­ta man» pis une toune de Nickelback, des animateurs tellement heureux s’acharnent à nous rappeler qu’ils nous accompagnent avec les hits de l’été et qu’il fait un beau 28 degrés au centre-ville de Montréal. Et même s’il pleut, c’est pas grave parce qu’on va vous mettre du soleil dans les oreilles! Et si c’est lundi, c’est pas grave parce qu’on va vous mettre du soleil dans les oreilles! Plus estival que la radio commer­ciale, tu te noies avec tes board shorts sur ta nouille dans ta piscine hors terre à deck surélevé. Pis encore plus que ça, tu peux même sentir la saucisse de l’animateur qui grille sur le BBQ.

Ce qui a le mérite de me fasciner en­core et toujours plus, c’est le phénomène des demandes spéciales téléphoniques. Vous me direz que c’est dans la même veine que les lignes ouvertes, mais selon moi, c’est plus pathétique. Si tu veux entendre ta toune, y’a ben d’autres façons en 2010 que d’essayer d’appeler pendant une heure et demie pour pogner la ligne du 790-LOSER. Non?

«− Salut, on parle à Jean-François!

Jean-François, tu viens d’où, mon chum?

− De Sainte-Julie!

− Et tu fais quoi dans la vie?

− Je travaille avec toute la gang de malades au Future Shop de Sainte-Julie et j’aimerais d’ailleurs saluer Manon ma boss, Nathalie, pis le Gros, on va se faire un BBQ à soir, pis ça va être le party mon ami! (au fond en choeur: wouais!!!)

− Pis tu veux entendre quoi, mon Jean-François?

− Wavin’ Flag de K’naan pour ma Guylaine qui travaille présentement au Salon Wavy. Je t’aime, ma noune!

− Et tu veux ça sur quelle radio, mon chum?

− Sur WTF-FM, la radio de l’été à Montréal!».

Les premières notes enchaînent dans un timing radiophonique parfait.

En plus de pouvoir nous dépayser avec des jingles de concessionnaires de Laval, la radio peut nous faire changer de pays en moins de deux. Je parle ici de la radio anglo-montréalaise. Quand l’animatrice prend sa voix juteuse d’anglophone juteuse, quand elle mentionne «La Ronde» ou «Bâton Rouge» avec son accent du Fairview, quand elle parle du «Comedy Nest», (ça existe encore?) on se croirait dans une ville autre que Montréal, comme si Pointe-Claire était une banlieue de Toronto. C’est-tu une autre planète le West Island ou quoi?

Voix de fille à bout de souffle et tremblotante qui vient elle aussi de pogner la ligne:

«− Oh my God, oh my God, did I just win a $50 gift certificate for Barbie’s Deli & Grill in Dorval?

− You sure did!

− Oh my God! Oh my God! Tom, I’m on the radio, I won!

− And what’s the best radio station to listen to?

− WTF-FM, the best summer hits in Montreal!»

 

La morale de cette fable radiophonique?

1) Comme la radio commerciale, cette histoire est sans fin, et c’est peut-être malheureux.

2) Si tu portes des board shorts, t’es mieux de les porter juste dans ta piscine parce que c’est laitte.

3) De source sûre, j’ai appris qu’en français, comme en anglais, y’a jamais personne qui compte le nombre d’appels pour déclarer les gagnants des concours poches.

4) Non, je n’irai pas au coin de Sainte-Catherine et Jeanne-Mance rencontrer ta joyeuse patrouille et me faire donner un sticker pour mon char.

5) Tant qu’à participer à un concours, va sur NIGHTLIFE.CA au moins nous on donne des beaux prix.

 

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