Pionnière de la danse contemporaine africaine, fondatrice de Nyata Nyata ainsi que professeure de philosophie, la chorégraphe franco-congolaise Zab Maboungou nous présente Montréal by Night, une fresque nocturne pour cinq danseurs.
Pourquoi après Décompte, votre solo, avez-vous décidé de présenter un spectacle pluriel?
J’ai toujours tendance à présenter un solo pour ensuite en venir à un spectacle groupé. En fait, c’est une analogie avec la musique africaine qui fonctionne en mode question-réponse. Le solo est une question et le spectacle de groupe, une réponse.
Le rythme est au centre de votre travail, pouvez-nous en dire plus?
J’ai fait énormément de recherches sur la science des rythmes. Ensuite, j’ai voulu extirper le mouvement et impliquer le corps dans une structure rythmée. La clé du rythme, c’est une meilleure compréhension du souffle et du poids.
Et pourquoi Montréal est-il votre sujet?
J’habite Montréal depuis 37 ans et Montréal est une ville velléitaire, à la fois incertaine et fluctuante, débridée et inachevée.
Et sur quoi s’appuie votre scénographie?
Comme le son établit l’espace, ma scénographie est musicale. En Occident, tout est érigé sur le visuel, l’image et le réalisme. En Afrique, tout est en fonction du rythme. Personnellement, je ne suis pas intéressée par les projections.
Vous avez plutôt deux percussionnistes et un violoncelliste. Pourquoi?
La musique permet la progression du mouvement. Il faut comprendre qu’il y a dans mes spectacles une rigueur structurelle très forte. Le but, ce n’est pas de danser au rythme de la musique. C’est tout le contraire. Je demande aux danseurs de ne pas se laisser entraîner par la musique, de résister.
Pourquoi résister?
La danse africaine est surtout considérée comme festive, improvisée, mais c’est une vision réductrice. Je tiens à la précision, à l’exactitude.
Est-ce une analogie politique?
Je suis très politisée, mais je ne trouve pas nécessaire de politiser mes pièces. Cette conscience politique, elle s’épelle elle-même et s’articule autrement dans ma vie. Les immigrants sont autre chose que des victimes de la politique. Nous devons nous élever au-dessus de tout ça et cesser d’être des saltimbanques.
Alors comment avez-vous envisagé cette création?
J’ai horreur des histoires parce qu’on a tendance à s’y enfermer. Je préfère commencer avec ce que l’on ignore et terminer avec ce que l’on sait. La création, c’est confronter l’absence et lui faire obstruction.
Du 19 mai au 22 mai
SAT | 1195, Saint-Laurent
nyata-nyata.org