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Poirier: triple sec

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Poirier: triple sec

«Ghis» a toujours aimé imposer sa vision. Alors que nous siégions sur le comité musical de CISM, durant les années 90, sa maîtrise alors limitée de l’anglais ne l’empêchait pas de donner des ordres à l’industrie musicale depuis notre bureau de l’Université de Montréal. «No cheesy techno!» l’ai-je déjà entendu sommer une représentante d’un label. 

Bien des années plus tard, Ghis continue de caller les shots, cette fois quant à la manière de concevoir un disque. Running High, son petit nouveau, n’est ni un recueil de nouveau matériel, ni une compilation, mais plutôt le cumul de trois EP lancés en ligne et sur vinyle au cours de la dernière année, adjoint d’un second volume composé de remix et de versions alternatives. Les trois EP – Soca Sound System, Run the Riddim et Low Ceiling – avaient chacun le mandat clair de refléter des facettes distinctes de l’artiste. 

Ghislain – qui roule maintenant officiellement sous le nom «Poirier» (par pitié pour son public anglo) – admet avoir rencontré quelques résistances. «Toute l’industrie est basée sur un certain modèle. Quand tu déroges de ça, ça crée des questionnements. Comment on va en faire la promotion? Comment on va rendre le CD final intéressant?»

Développement durable
Le but? Développer son propos, un axe à la fois. «Je trouvais ça plus simple de mettre quatre tounes soca à 160bpm avec la même énergie ensemble et de dire: ‘‘Réglé! Là, vous le savez, je le fais pour vrai!’’ explique-t-il. Après, le EP dancehall m’a permis de faire des trucs vocaux assez concis. Avec le EP instrumental, je voulais montrer que je pouvais faire de la musique dancefloor instrumentale, à une vitesse de 120-125 bpm… Mais quand tu mets les trois ensemble, c’est cohérent!»

Outre quelques collaborateurs réguliers (Face-T, Zulu), Ghislain a fait appel à de nouvelles figures: Mr. Slaughter (l’une des voix l’ayant initié au soca), le Britannique YT, le Jamaïcain Burro Banton, de même qu’Uproot Andy, Maga Bo, Mikey Dangerous et plusieurs autres pour le second volume… S’il qualifie la portion «échange de pistes et relations publiques» du projet davantage comme «une gageure», il n’en est pas moins ressorti avec quelques bonnes surprises. «J’avais fait quelques remix bootleg de Busy Signal et de Erup (des MC jamaïcains bien connus). On a réussi à les rendre légitimes et à les inclure sur le disque!» 

Le résultat – qui ne sera jamais rendu live, Ghislain ayant fait une croix sur ce département pour se consacrer pleinement au DJing – constitue assurément ce que Poirier a fait de plus rude. «Les idées sont plus rapides mais la sélection, elle, a été plus longue. Je voulais vraiment quelque chose de très percussif. Les pièces ont toutes des structures plus dansantes, donc, peut-être moins étendues, mais c’est pas moins fignolé. Au contraire.» 

Poirier
9 avril
Belmont
| 4483, Saint-Laurent
avec Hovatron, Lexis, Face-T et Boogat
www.poriersound.com

 

 

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